• Texte venu du web, auteur inconnu, merci à lui.

     

    Fiançailles d'Artus


    Merlin s'en retourna en Carmélide, où le roi Léodagan l'accueillit avec joie. Mais il se demandait toujours qui pouvaient bien être ceux qui l'avaient si courageusement aidé à vaincre ses ennemis. Le seul moyen de faire taire sa légitime curiosité était, lui semblait-il, de poser la question à Merlin. Ce qu'il fit un beau jour.

    - Sire, répondit Merlin, en désignant Artus, sachez que ce jeune homme est de plus haut rang que vous-même, qui êtes un roi couronné.

    Nous allons de par le monde pour le mieux connaître et en espérant trouver une épouse digne de ce jeune homme... Vous vous doutez bien que Léodagan songea immédiatement à lui offrir sa fille, la plus belle et la plus sage qui fût... Comme Merlin l'assurait qu'elle serait acceptée de bon coeur, il la fit quérir à l'instant même. Quand Guenièvre fut là, il manda tous les chevaliers qui étaient au palais et dit, en mettant la main de la jeune fille dans celle d'Artus :

    - Messire, dont j'ignore encore le nom, recevez ma fille pour femme avec tout ce qu'elle aura d'honneurs et de biens après ma mort.

    Artus, radieux, s'inclina. Merlin révéla alors le nom des quarante preux, tous fïls de roi et de reine, qui avaient accompagné Artus, roi de Bretagne, celui-là même qui venait de se fiancer. À cette nouvelle, la joie de Léodagan et des assistants fut immense, et tous firent hommage au roi Artus. Cependant, quelques jours après, Artus annonça qu'il se voyait dans l'obligation de s'éloigner quelque temps, car il lui restait encore des ennemis à vaincre.

    Alors, Guenièvre lui donna un heaume pour se couvrir la tête, et il partit à cheval, suivi de ses quarante compagnons.
     

     


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    Viviane

     

    En ce temps-là, il y avait au coeur de l'Armorique une vaste forêt qui allait de Fougères à Quentin, de Corlay à Camors, et de Faouët à Redon. C'était la forêt de Brocéliande. Le vent y jouait constamment et les arbres s'inclinaient en des révérences sans fin, sur une étendue qui mesurait bien trente lieues de longueur et vingt de largeur. À travers cette forêt erraient des créatures extraordinaires comme fées et sylphes.

    Il y avait Dyonas, qui était filleul de Diane, la déesse des bois, et dont la fille, Viviane, rôdait jour et nuit parmi les arbres et s'amusait avec les papillons. Un jour qu'elle se trouvait assise près d'une source où les korrigans et les fées venaient habituellement se mirer, elle vit passer un très beau jeune homme, haut de taille et brun de cheveux, qui allait à pas de promenade, fredonnant pour lui-même. Arrivé près d'elle, il s'arrêta, s'appuyant sur une branche, et la salua, mais sans ajouter un mot de plus. C'était Merlin, qui sentait battre si fort son coeur devant la grande beauté de cette jeune fille, qu'il redoutait de perdre sa liberté d'esprit.

    Eh ! oui, Merlin savait qu'il venait de rencontrer Viviane, il savait qu'il était désigné pour l'aimer et être aimé d'elle, et qu'il lui serait soumis entièrement dès qu'ils se seraient entretenus tous deux. Or, Viviane, comme toute femme, était curieuse, et elle lui demanda :

    - Qui êtes-vous, beau Sire ?

    - Je suis un valet errant qui cherche le maître qui m'apprenne mon métier.

    - Peut-on savoir quel métier ?

    Merlin s'assit au bord de la source, prenant place près de Viviane et répondit :

    - Par exemple, à soulever un château fort, fût-il assiégé par des soldats.
     

    - Ou bien à marcher sur un étang sans se mouiller les pieds, ou bien encore à faire naître une rivière et beaucoup d'autres choses... Viviane battit des mains :

    - Quel beau métier !

    Ah ! je voudrais vous voir à l'oeuvre. Je serais alors votre amie, en tout bien tout honneur, ajouta-t-elle, coquette. À ces mots s"augmenta 1'émoi de Merlin, qui accepta de lui montrer une partie de ses jeux et de ses talents. Il y mit pourtant une condition :

    - Que j'aie votre amour, sans vous demander plus.

    Viviane jura qu'elle y consentait. Alors, avec la branche sur laquelle il s'appuyait, Merlin traça un cercle sur le sol. Ce geste étonna Viviane ; elle promenait ses yeux autour d'elle et ne voyait rien d'extraordinaire, mais, quelques secondes plus tard, surgirent de belles dames et de beaux messieurs qui faisaient une grande ronde et chantaient joyeusement. Certains se mirent à danser sous les arbres soudainement chargés de fruits, tandis qu'au loin se profilait un château devant lequel s'étendait une pelouse avec de grands parterres de fleurs. On eût dit que Merlin avait fait naître le paradis. Fascinée, Viviane observait lentement toutes choses, s'arrêtant devant les danseurs, tentant de fredonner leurs refrains.

    - Que vous en semble ? dit Merlin. Etes-vous toujours preste à tenir votre serment ?

    - Certes, Messire, et de coeur je vous appartiens. Mais vous ne m'avez encore rien appris...

    - Je le ferai un jour, c'est promis. Dès que la lune brilla, les belles dames et leurs cavaliers disparurent, ainsi que le château, seul demeura le verger, à la prière de Viviane, qui le nomma « Repaire de joie et de liesse ».

    - Maintenant, dit Merlin, je dois partir.

    - Êtes-vous donc si pressé de me quitter ? Et sans m'avoir rien enseigné encore...

    - Il faut du temps, gentille Damoiselle... Mais Viviane voulait connaître tout de suite le secret de Merlin : elle était prête à demeurer là toute la nuit et même à consentir à tout ce que Merlin exigerait, quand elle saurait comment on accomplissait de tels prodiges. Alors Merlin lui expliqua la manière de faire couler une rivière où il lui plairait. Viviane contemplait cette eau merveilleuse avec extase, après avoir écrit la recette sur un parchemin. À peine s'aperçut-elle que Merlin la saluait en lui promettant de revenir bientôt.
     


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    Guenièvre de Carmélide

     

    Déjà les tables étaient mises pour le repas quand arrivèrent au palais de Léodagan nos trois rois et Merlin. Léodagan, les attendant, s'était appuyé à une fenêtre. Et dès qu'il les vit venir, il alla à leur devant et leur fit fête. On leur prit leurs chevaux, on les désarma, et on les conduisit par la main dans une salle richement ornée où une demoiselle d'une grande beauté leur présenta l'eau chaude dans un bassin d'argent. C'était la fille de Léodagan, Guenièvre, et on ne pouvait alors trouver plus belle personne en Bretagne. De sa main, elle leur lava le visage et le cou, qu'ils avaient couverts de poussière du champ de bataille, et elle leur passa à chacun un fort élégant manteau.

    Dès l'instant où Artus en fut revêtu, il plut à Guenièvre, qui ne fut pas longue à comprendre que lui aussi l'observait à la dérobée, avec un intérêt mêlé d'admiration. Ses grands yeux bleus pétillèrent alors de gaieté, ce qui la rendit encore plus attrayante, si la chose se pouvait. Léodagan conduisit ses hôtes à table, et il remarqua qu'Artus prenait place entre Bohor et Ban. Ignorant, d'après leurs conventions, qui ils étaient, il supposa qu'Artus était le seigneur des deux autres. « Plût à Dieu qu'il épousât ma fille, c'est un parfait chevalier et un homme de haut rang », songea-t-il. Cependant, Guenièvre offrait le vin à Artus dans la coupe du roi, agenouillée devant lui, et il la trouva si belle qu'il en oubliait de boire et de manger. Il se tourna légèrement pour que ses voisins ne vissent point son émoi, mais Guenièvre, elle, s'en aperçut très bien.

    - Messire, buvez, lui dit-elle, et ne m'en veuillez pas si je ne vous appelle point par votre nom, car je l'ignore. Ne soyez pas distrait à table, ne l'étant point aux armes, comme nous avons pu le constater aujourd'hui. Alors, il prit la coupe et but. Les nappes ôtées, Ban vint s'asseoir à côté de Léodagan. Et lui qui aimait tant discourir, il lui fit maints compliments de Guenièvre.

    - Sire, lui dit-il encore, il arrive un moment où il nous faut songer à l'avenir. Or, vous n'avez pas d'autre enfant qui puisse hériter de vos terres. N'est-ce point imprudent de ne pas la marier ?

    - Il y a sept ans que le roi Claudius de la Déserte me fait la guerre, répondit Leodagan en soupirant. Et je n'ai pas trouvé le temps de penser à ma fille. Mais s'il se présentait quelque gentilhomme qui puisse me défendre, je la lui donnerais volontiers et il aura ma terre après moi, je ne regarderai ni au lignage ni au rang. En entendant ces propos, une lueur de malice passa dans les yeux de Merlin, qui émit un petit grognement amusé. Puis, ayant accompli sa mission, il partit.
     

     


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