• Il y avait une fois deux bergers, lesquels firent la rencontre de deux belles vierges qui étaient fées ou enchantées, ce qui revient au même. Et les fées dirent aux jeunes hommes qui leur étaient peu inférieurs en beauté, car ils étaient aussi beaux qu’on peut l’être quand on a point subi d’enchantement :

    • " Voulez-vous nous épouser ? "
    • " Nous sommes des fées, et nous vous donnerons des trésors qui vous rendront riches à jamais " Puis elles ajoutèrent en rougissant, quoique fées : Nous vous donnerons aussi de beaux enfants qui feront votre joie et l’admiration de vos voisins. "

    Puis elles attendirent modestement que les deux jeunes pasteurs, tout surpris de la rencontre et d’une proposition si séduisante, prissent la parole pour leur répondre. On juge qu’ils ne se firent pas prier pour accepter, et les fées, qui les virent si bien disposés à faire ce qu‘elles souhaitaient :

    • " Revenez demain, dirent-elles, au bord de ce champ ; mais revenez à jeun, afin qu’en nous épousant, vous puissiez rompre le charme qui nous retient captives. Alors, nous ne serons plus fées, mais nous serons vos femmes…Prenez garde, pour notre bonheur et pour le vôtre, de n’avoir point mangé avant que nous soyons unis. "

    Le lendemain, les jeunes bergers revinrent, pleins d’espérance, au lieu que les fées leur avaient désigné, et ils les aperçurent. C’était le temps où les seigles se forment. L’un des deux, cueillant un épi par inadvertance, en détacha un grain qu’il rompît entre ses dents, pour savoir s’il mûrissait. Aussitôt la fée qui lui était promise s’écria en tressaillant :

    • " Tu m’as replongée dans le charme dont jamais être tirée ; tu m’as rendu fée à jamais, hélas !… "

    Et elle disparut dans le même instant. Mais l’autre fée, s’adressant à son fiancé qui avait été plus attentif à suivre ses avis, lui dit :

    • " Songe à présent, ô berger ! que je vais être ta femme, car tu as détruit l’enchantement qui me tenait éloignée des hommes. Mais si tu veux me conserver près de toi, souviens-toi de ne m’appeler jamais ni fée ni folle… Au surplus, sois confiant et ne crains rien de ce qui va arriver. "

    Tandis que la belle fée lui donnait ces doux encouragements, un serpent s’éleva de terre, et s’enroulant à l’entour du bâton du pasteur, approcha sa bouche de la sienne : baiser mystique, consécration surhumaine de l’alliance de l’homme avec la fée… Le berger le reçut en silence et fixa tendrement ses yeux sur la vierge enchantée, pour laquelle il souffrait cette caresse.Alors elle le prit par la main et le conduisit dans une caverne où il y avait beaucoup d’or et d’argent. Ils chargèrent ces richesses sur deux mulets, et furent les convertir aussitôt en une maison rustique, accompagnée des plus belles terres de la contrée. Puis, ils eurent de beaux enfants… puis les années s’écoulaient.Or, il arriva un jour que l’épouse, jeune encore, qui avait retenu de son enchantement certaine faculté divinatoire, ayant regardé le ciel, là où des yeux vulgaires ne voyaient que la sérénité présente, y lut les signes d’un ouragan terrible, qui devait fondre sur le pays, dans la soirée. Aussitôt, ménagère prudente et pour prévenir de plus grands malheurs, elle ordonna à ses domestiques de couper les moissons, bien qu’elles n’eussent pas atteint leur entière maturité, et elle les fit rentrer sous l’abri de ses granges. Son époux qui était absent, revint pour lors, et voyant les valets de la ferme occupés à enlever les blés avant qu’ils ne fussent mûrs, il leur demanda avec colère qui leur avait commandé un pareil travail. Et comme les serviteurs tremblants lui répondaient qu’ils ne faisaient qu’exécuter les ordres de sa femme, il l’aperçut elle-même qui venait au-devant de lui :

    • " Oh ! la folle, s’écria-t-il ; est-il possible qu’un acte aussi extravagant ait pu entrer dans ta pensée ! "

    A ce mot fatal, et poussant un profond soupir, l’épouse disparût aux yeux de son mari consterné, et rentra brusquement sous le charme qui reprit sur elle son pouvoir. Dans la soirée de ce jour, une effroyable bourrasque descendit dans la vallée : les eaux rompirent leurs digues, inondant les champs et ruinant les moissons. Alors le triste pasteur, qui voit son grain sauvé par la prévoyance de sa femme, lui rendit, en gémissant, une tardive justice. Il la rappela, mais en vain.Cependant elle revenait, chaque aurore, dans une chambre isolée de la maison. Là, se rendaient près d’elle ses enfants, beaux comme le jour, et elle aimait à peigner leurs blonds cheveux avec un soin infini. Elle les avait conjurés de ne rien dire à personne son retour secret. Le père qui ne pouvait s’expliquer l’ordre splendide qui régnait sans cesse dans l’arrangement de ces merveilleuses chevelures, interrogea les enfants, leur demandant quelle était la main habile qui leur rendait ce service journalier. Mais, dociles à la prière d’une mère, ils ne le voulurent point le dire.A la fin, il les suivit doucement vers la chambre où ils montaient à la dérobée, et il vit… ce fut pour jamais… sa jeune épouse, plus belle qu’au jour où il l’avait fiancée : elle tenait à la main un peigne précieux, qu’elle promenait heureuse, sur la tête de ses fils. A peine entrevit-elle son indiscret époux, qu’elle s’évanouit comme un songe : et les enfants, ainsi que leur père, l’eurent vue pour la dernière fois.

     

     

    Les contes sont la propriété de leurs auteurs


    votre commentaire
  • La voiture dérapa dès la sortie du virage, elle essaya de la contrôler mais celle-ci continua lentement sa course pour finir par s’immobiliser contre le talus enneigé. La tempête faisait rage, Syllia n’aurait pas dut prendre ce raccourci qui longeait la forêt. Maintenant la nuit tombait elle n’osait pas descendre voir les dégâts sur son véhicule. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer. C’était le printemps, depuis qu’elle avait quitté Paris en début de matinée, le soleil avait toujours brillé au travers de son pare-brise.

    Il était là, caché dans le creux d’un arbre, le dos au vent. Il avait assisté à la scène, puis le choc sur le talus l’avait fait sursauter, mais il ne s’était pas enfui. C’était la première fois qu’il voyait un être humain de si prêt, d’habitude il gardait ses distances au moins une bonne centaine de mètres. Mais devant cette déesse qui était apparu dans son carrosse gris clair, il n’avait ressenti aucune crainte. Bien au contraire, il l’avait reconnu tout de suite, celle qui apparaissait dans ses rêves lorsqu’il était malheureux.

    Ses déplacements devenaient de plus en plus pénibles et l’éloignaient sans cesse de sa famille. Elle était technicienne dans cette entreprise de machines agricoles ou elle travaillait depuis peu. Pourquoi avait-elle accepté ce dépannage au fin fond de la Picardie? L’automobile patinait au moindre coup d’accélérateur et s’enfonçait un peu plus dans le sol. Impossible de repartir. Syllia sortie son téléphone portable, pour demandé secours, mais la liaison ne passait plus. Elle ouvrit sa portière, malgré ce tourbillon neigeux il ne faisait pas froid.

    Il s’approcha de quelques mètres, ses cheveux flottaient dans le vent dégageant ses oreilles légèrement pointues. Indifférent aux changements brusques de température, sa peau imberbe et blanche était couverte d’un simple gilet sans manche et d’un pantalon court. Il émit un son, une mélodie, quelques notes que les arbres reprirent en écho.

    Syllia avait entendu, un frisson lui parcouru le dos. Puis de nouveau il se fit entendre, avec plus de clarté.
    Il y a quelqu’un? Répondez moi ? Elle se retourna, le vit, appuyé contre l’arbre presque caché. Puis une grande rafale de vent balaya la tempête, la Lune éclairait désormais le ciel, quelle heure était-il? Ce chant comparable aux lyres antiques l’attirait comme une force magnétique, elle avança vers lui.
    Elle était jeune, belle avec ses boucles d’or, il ne pouvait trouver meilleur ambassadrice. Il s’approcha aussi.
    Qui es-tu demanda Syllia ?
    Je suis l’elfe Sylvain, le génie des bois, des forces de la nature. J’ai un message pour les enfants de la terre.
    Ses grand yeux étonnaient ne cessaient de la dévisager, il souleva sa berline, défroissa son pare-choc et reposa son véhicule sur la route.
    Quel est ce message demanda Syllia ?
    La couche d’ozone qui entoure la terre se nomme la stratosphère. Elle joue un rôle vital en absorbant la plupart de rayons ultra-violet. L’absorption de ces rayons par l’ozone crée une source de chaleur et joue un rôle déterminant dans la structure de la température de l’atmosphère terrestre. Sans la protection de cette couche d’ozone les rayons UV pénètrent l’atmosphère et atteignent la surface de la terre. Ses effets néfastes ont un côté destructeur pour les organismes. Nous les elfes nous sommes les premiers à en souffrir et avons de plus en plus de mal à contrôler les variations atmosphériques. Déluges, tremblements de terre, typhons, cyclones ne nous obéissent plus. Transmet ce message aux enfants car ils seront les adultes de demain.
    De sa main il caressa sa joue puis comme une brise légère il disparu.

    Depuis cette rencontre elle parcoure les routes de France, plus pour son travail, mais pour conter aux petits et aux grands l’histoire de l’elfe Sylvain, qui chaque matin ou quelle soit la réveille avec un petit rayon de soleil.

     

     

     

     

    Les contes sont la propriété de leurs auteurs


    votre commentaire
  • ll était une fois, tout au fond de l’univers, une petite étoile qui s’appelait Julia.
    Elle brillait de tous ses feux mais comme elle était petite elle pensait qu’elle brillait peu.
    Autour d’elle, dans le froid céleste, il faisait noir et l’on n’entendait que le froufroutement rapide des comètes qui filaient à toute allure.
    Julia se demandait parfois avec effroi si ces belles et ultra-lumineuses consœurs ne finiraient pas par la percuter.
    Un jour qu’elle était triste parce qu’elle se trouvait seule et inutile, elle sentit soudainement une comète la frôler de si près qu’elle crut définitivement basculer dans l’univers sans fin.
    Ola la, cria-t-elle ! Et elle ferma les yeux en se préparant au terrible choc.
    Mais rien ne se passa.
    C’est à peine si elle ressentit un petit chatouillis à l’extrémité de sa branche numéro 3.
    Alors elle ouvrit un œil et elle vit une toute petite forme qu’elle prit tout d’abord pour un papillon.
    - Qui es-tu ? interrogea Julia.
    - Laisse-moi donc me remettre Julia, dit la forme en se lissant les ailes.
    - Tu… Tu connais mon nom ?
    - Toutes les fées connaissent ton nom, Julia.
    - Tu es une fée ?
    - Cela ne se voit pas ? minauda la forme un peu coquette.
    - Je n’avais jamais vu de fée avant toi, avoua Julia.
    - Hé bien, sans ce chauffard qui m’a propulsée sur toi, tu aurais pu ne jamais me rencontrer, et cela aurait été dommage, n’est-ce pas ?
    Julia sourit. Décidément cette petite fée aimait bien se faire valoir, pensa-elle.
    - Et tu as un nom ?
    - Tout le monde possède un nom. Moi, c’est Valbée. Et tu trouves que je me fais valoir ?
    - Oh pétard ! s’exclama Julia un peu confuse, tu lis dans mes pensées ?
    - Comme dans un livre ouvert, ma belle !
    - Et toutes les fées qui connaissent mon nom lisent dans mes pensées ?
    Valbée eut un rire cristallin :
    - Seulement les plus douées ! Mais je peux te dire que toutes te connaissent et t’adorent.
    Julia allait de surprise en surprise.
    - Elles m’adorent ? Mais je n’ai rien d’adorable, je suis petite, je ne brille pas beaucoup – en tous cas bien moins que les autres, je suis… très banale, très heu… je ne sais même pas quel mot choisir.
    - C’est parce que tu es aux yeux des nôtres, ni banale ni ordinaire. Tu es unique Julia. Personne ne te ressemble et tu ne ressembles à personne. Si tu n’existais pas tu manquerais à notre monde. Tiens je vais te dire : tu es comme une œuvre d’art : unique en son genre.
    Julia éclata de rire.
    - Vous ne pensez pas que vous exagérez un petit peu ?
    - Moi, j’exagère ? s’écria Valbée. Mais sur quoi je me reposerais actuellement si tu n’existais pas ?
    - Tu aurais pu t’installer sur une autre étoile !
    - Ca, c’est impossible. Chaque étoile qui possède un nom est obligatoirement dotée d’un destin. En fait, je suis venue t’annoncer que le C.S.F : Le Conseil Supérieur des Fées te donne une mission : tu es chargée… d’illuminer les yeux des enfants.
    Julia était interloquée.
    - Illum…Mais je ne brille pas assez !
    - Ca, c’est ce que tu t’imagines. Nous, qui avons de l’expérience -nous te voyons briller très très fort… quand tu ne te caches pas derrière les nuages. Nous connaissons l’impact que tu produits sur tous ceux que tu côtoies sans les voir. Chez les fées, tout le monde a une mission, toi tu seras les paillettes d’étoiles qui suivent le mouvement de la baguette magique des fées quand elles réalisent un voeu.
    Julia se souvint des yeux humides des enfants :
    - Je serais le désir, je serais l’espoir…
    - Tu seras toi, Julia, tu seras enfin toi…
    La voix de Valbée s’était faite soudain lointaine, lointaine…
    Alors Julia ouvrit enfin son deuxième œil et elle s’aperçut que la fée avait disparue.
    - Où es-tu Valbée, où es-tu ?
    - Tu ne me vois plus, mais je serais là où tu seras, Julia. Et je suis déjà partie pour une autre visite. Brille Julia, brille, fais voir que tu es là. On a tous besoin de ta lumière…

    Julia, se mit à rosir de plaisir.
    Puis, dans tes yeux à jamais, elle refléta toutes les couleurs chatoyantes de l’arc-en-ciel.

     

     

     

    Les contes sont la propriété de leurs auteurs


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique