• Hada est une lycéenne de bientôt 16 ans, cet ouvrage est son premier livre. Passionnée de fantasy, elle écrit depuis environ deux ans.

     

    Résumé du livre

    Mélanie Mélancholia, La Nuit Des Fées Réelles est un recueil de contes fantastiques : l'héroïne est une petite fille de 14 ans passionnée de fées, elle a une occupation inhabituelle : elle fabrique des fées à partir de poupées.
    Le soir du 31 décembre 2009, alors qu'elle contemplait ses créations, à minuit pile, elles prennent toutes vie et viennent chacune tour à tour lui raconter leur histoire.

     

    Lien du livre

     

     

    Son blog

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  • Je vous dirai comment le duc et la duchesse de Joyeuse, avec leurs deux garçons, passèrent la Noël dans leur château qui est encore debout à Couiza, entre l’Aude et la Salz.


    * *

    Le plus jeune des fils était parti seul à la chasse dans la montagne, du côté de Véraza et Saint-Salvayre.
    Il suivait un sentier à travers des bruyères, quand il vit, devant lui, un renard dont la fourrure blanche avait des franges d’or.
    Il tira une flèche, mais elle partit en l’air et se perdit dans le ciel bleu ; et les chiens, au lieu de s’élancer à la poursuite du renard, demeurèrent sur place, comme paralysés.
    Le jeune homme reconnut alors que cet animal devait être enchanté. Il savait que ces montagnes étaient peuplées de génies, de sorcières, de géants et de fées, qui vivaient le plus souvent dans des palais souterrains dont les sales splendides communiquaient avec l’enfer, mais qu’ils en sortaient parfois pour inquiéter les hommes. Cependant, poussé par la curiosité, il suivit ce renard. Et ils allaient ainsi, l’un derrière l’autre, tranquillement, comme à la promenade. Ils traversèrent des bois de chênes-verts et d’oliviers sauvages, puis des pentes abruptes tapissées de lavande et de thym. Enfin, ils arrivèrent dans une sorte de vallon fermé, couvert d’une herbe joyeuse et fine et dominé par un rocher énorme au-dessus duquel un aigle tournoyait.
    Le renard s’arrêta, se retourna et regarda le jeune homme qui commençait à se repentir d’avoir été si téméraire, et à se demander s’il ne ferait pas mieux de rentrer tout de suite au château.
    Et comme il se disposait à s’enfuir, voici que subitement, l’animal se changea en une ravissante jeune fille qui avait une robe blanche avec des franges d’or.
    Et la jaune fille lui dit :
    – Me veux-tu, joli garçon ?
    Il répondit :
    – Je te veux, jolie fille.
    – Pour m’avoir, reprit-elle, il faut être plus fort que moi. Veux-tu lutter ? Je te défie
    – J’accepte.
    Ils se prirent à bras-le-corps. Il essaya de la renverser : ce fut peine perdue. Il chancela, tomba, et ses épaules touchèrent le sol. Alors elle lui mit le pied sur la poitrine : avec une longue corde qu’elle avait en guise de ceinture, elle lui lia jambes et bras, puis le jeta comme un paquet au pied d’un arbre, et dit en s’en allant :
    – Tu n’es pas assez fort, jeune homme, pour mériter la fée Maleine.
    Et l’écho du rocher répéta :
    – … Pour mériter la fée Maleine.

    * *
    Il gisait à terre, triste et humilié d’avoir été vaincu par une femme. Le soir était venu. La faim et la soif commençaient à le torturer quand une autre jeune fille souriante et douce apparut. Elle disait sur un air de chanson :
    – Voici du pain, du vin, des figues et du miel.
    Et le rocher de l’aigle, après elle, disait :
    – … Du pain, du vin, des figues et du miel.
    Elle le fit boire et manger.
    Et le jeun homme lui murmura :
    – Qui que tu sois, ô jeune fille, sois bénie pour ta bonté.
    Et la jeune fille dit de sa voix claire :
    – Je suis Angélina, la sœur cadette de Maleine.
    Et l’écho répéta :
    – … La sœur cadette de Maleine.

    * *
    Ce soir-là, au château de Couiza, on fut dans l’inquiétude.
    Pour la messe de minuit, le plus jeune des fils n’était pas revenu…
    Le réveillon qui fut servi dans la salle des Dames fut affreusement triste, et la nuit qui suivit se passa, sans sommeil, dans l’angoisse.
    – Où est-il ? Que fait-il ?
    La duchesse de Joyeuse disait :
    – Des brigands venus d’au-delà des monts, l’ont peut-être fait prisonnier.
    Le duc murmurait avec colère :
    – Point n’est besoin, ma mie, d’accuser les hommes d’Aragon. Nous avons des ennemis aux portes mêmes du château. Ce peuple vaincu auquel nous nous sommes imposés par la force, nous déteste et nous craint. Je ne sais comment il était autrefois : je ne sais s’il a mérité sa défaite : mais à présent, son âme n’est plus qu’un vil mélange d’envie, de haine, d’hypocrisie et de lâcheté. Il n’a plus assez de courage pour se révolter ; il n’aurait pas assez de vertu pour rester libre. S’il n’avait plus de maître, il prendrait un manant pour s’en faire un seigneur.
    La duchesse pleurait.
    – Mon ami, disait-elle, vous m’effrayez. Serait-il tombé dans un horrible guet-apens ? Où est-il ? Que fait-il ?
    … Et la nuit de Noël se passa dans l’angoisse…

    * *
    Et quand les étoiles pâlirent, et que l’aurore fit le ciel clair, tandis que les cloches de l’église sonnaient l’angélus du matin de Noël, l’aîné des fils Joyeuse dit à son père et à sa mère :
    – Je vais dans la montagne, et je le trouverai.
    Il partit. Et voilà que dans un chemin creux, il fit la rencontre d’un vieillard, longs cheveux blancs et barbe blanche, qui lui demanda l’aumône pour l’amour du bon Dieu.
    – Je n’ai pièce d’or ou d’argent, dit-il au mendiant, ni même un rouge liard. Je suis parti à l’aventure pour rechercher mon frère qui s’est perdu dans la montagne. Mais prenez cette bague ; vous la vendrez à la ville prochaine, et vous en aurez, je pense, de quoi vivre au moins toute une année.
    Le vieillard pris la bague et, sans rien dire, s’en alla.
    Le fils Joyeuse n’avait pas fait cent pas quand il revit le même mendiant qui lui dit :
    – Mon enfant, je veux être aussi bon que toi et te rendre un service. Écoute : Ton frère est prisonnier des fées. Va les trouver. L’une d’elle te provoquera. Pour la vaincre tu n’auras qu’à presser avec ton pouce sous le sein gauche entre les côtes. Elle tombera et tu seras le maître. Va ; ton chemin te sera indiqué par un scarabée, un papillon et un criquet. Adieu, et bonne chance.
    – Merci, fit le jeune homme.
    Et il poursuivit son chemin.
    Il fut bientôt à un carrefour de sentiers, et comme il se disait : " Faut-il prendre à droite ? faut-il prendre à gauche ? " Il aperçut devant lui un scarabée, un papillon et un criquet : le premier trottinait, le second voletait, le troisième sautillait, mais ils se retrouvaient tous ensemble.
    Le jeune homme pensa : " Le vieillard avait raison. Voici mes trois compères : scarabée, papillon et criquet. Je n’ai plus qu’à les suivre. " Et il les suivit.

    * *
    Ils traversèrent des landes de bruyères, des bois de chênes-verts et des pentes abruptes tapissées de lavande et de thym. Et quand ils furent dans un vallon fermé, les trois compères s’envolèrent, et, par-dessus les arbres, disparurent.
    Et le jeune homme se trouva seul. Il regarda de tous côtés, et aperçut enfin son frère, gisant au pied d’un arbre, chevilles et poignets liés.
    Il se précipitait pour le délivrer quand la fée Maleine apparut et lui dit :
    – Halte-là, beau jeune homme, si tu veux ton frère, il faut me vaincre.
    – J’essaierai, jolie fée.
    – Et si tu es vainqueur, tu seras maître de moi et de tous mes trésors.
    Ils se touchèrent la paume des mains, et bondirent l’un sur l’autre. Elle le prit à bras-le-corps, et allait le jeter à terre, quand il pressa du pouce du pouce sous le sein gauche entre les côtes.
    Du coup, la fée pâlit, tomba et murmura : " Je suis vaincue ! " Et comme il la regardait, étonné de sa victoire si facile, elle se releva et dit :
    – Je n’ai qu’une parole. Je suis à toi, tout est à toi.
    Juste à ce moment-là, sa sœur Angélina apportait le repas du prisonnier en chantant :
    – Voici du pain, du vin, des figues et du miel.
    – Et voici mon vainqueur, dit Maleine.
    Ils délivrèrent le jeune frère, et tous les quatre rentrèrent au château de Couiza où tout le monde fut heureux de revoir les deux garçons qu’on avait cru perdus.
    – Et quelles sont ces belles filles ? demanda le duc.
    – Nos fiancées, mon père, si vous le voulez bien.
    – Par Saint-Denis, votre mère exceptée, jamais je n’ai vu plus beau visage, et je vous félicite. Or ça ! Nous avons fait hier soir un triste réveillon ! Nous ferons un souper plus joyeux, j’en suis sûr, aujourd’hui.

    * *
    Ce souper fut servi dans la salle des Preux.
    Vers la minuit, on entendit frapper doucement à la grande porte.
    – Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est ?
    On ouvrit les fenêtres.
    – Qui est là ? Que voulez-vous ?
    – Ce sont les petits serviteurs d’Angélina et de Maleine qui apportent leurs trésors.
    Et à la lueur des torches, on vit toute une bande de farfadets qui avaient visages d’enfants et pattes de grenouilles. Ils portaient deux par deux, cassettes, vases et coffrets.
    Les petits farfadets entrèrent dans la salle et posèrent aux pieds de leurs maîtresses ce qu’ils avaient porté.
    Dans les cassettes, il y avait des pièces d’or ; dans les vases, des diamants, des perles et des pierres précieuses, et dans les coffrets, des robes magnifiques tissées d’or et de soie de toutes les couleurs.
    – C’est la plus riche dot qu’on ait jamais donnée à fiancée ! dit le duc de Joyeuse.
    Il avait à peine achevé ces paroles que des coups formidables ébranlèrent la grande porte du château.
    – Qui est là ? Qui est là ?
    Mais celui qui frappait dédaigna de répondre. Tout de suite, la porte céda, et un géant entra dans la salle des Preux. Les flambeaux, aussitôt, s’éteignirent : on ne vit que les yeux du géant qui lançaient des flammes dans la nuit.
    – Père ! père ! aie pitié ! dit Angélina. Nous te suivrons ! nous t’obéirons ! ne leur fait pas de mal !
    – Ne leur fait pas de mal ! dit avec autorité une voix inconnue.
    Alors, une torche s’alluma d’elle-même, et on vit un vieillard – cheveux blancs, barbe blanche – qui étendait ses mains vers les Joyeuse, comme pour les défendre, tandis que les farfadets, qui avaient repris cassettes, vases et coffrets, prenaient la fuite de tous côtés.
    Le géant ne dit rien ; il toucha seulement l’épaule de ses filles, et on vit… qu’est-ce qu’on vit ?… on vit trois renards à la fourrure blanche avec des franges d’or sortir ensemble de la salle des Preux, franchir d’un seul bond le fossé du château et disparaître dans la nuit.
    Le vieux mendiant les suivit. Il avait une auréole autour de ses cheveux. Et les Joyeuse, d’abord glacés d’étonnement et d’épouvante, comprirent bientôt que des créatures de l’enfer avaient voulu les tourmenter, mais qu’un grand Saint était descendu tout exprès du Ciel pour les arracher aux démons.
    Et père, mère, fils et serviteurs rendirent grâce à Dieu et au Bienheureux inconnu qui les avaient sauvés.
    Ainsi se passa Noël, cette année-là, au château de Couiza, entre l’Aude et la Salz.

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  • Il y avait dans la province du Valois, au milieu des bois de Villers-Cotterêts, un petit garçon et une petite fille qui se rencontraient de temps en temps sur les bords des petites rivières du pays, l’un obligé par un bûcheron nommé Tord-Chêne, qui était son oncle, à aller ramasser du bois mort, l’autre envoyée par ses parents pour saisir de petites anguilles que la baisse des eaux permet d’entrevoir dans la vase en certaines saisons. Elle devait encore, faute de mieux, atteindre entre les pierres les écrevisses, très nombreuses dans quelques endroits.

    Mais la pauvre petite fille, toujours courbée et les pieds dans l’eau, était si compatissante pour les souffrances des animaux, que, le plus souvent, voyant les contorsions des poissons qu’elle tirait de la rivière, elle les y remettait et ne rapportait guère que les écrevisses, qui souvent lui pinçaient les doigts jusqu’au sang, et pour lesquelles elle devenait alors moins indulgente.

    Le petit garçon, de son côté, faisant des fagots de bois mort et des bottes de bruyère, se voyait souvent exposé aux reproches de Tord-Chêne, soit parce qu’il n’en avait pas assez rapporté, soit parce qu’il était trop occupé à causer avec la petite pêcheuse.

    Il y avait un certain jour dans la semaine où les deux enfants ne se rencontraient jamais… Quel était ce jour ? Le même sans doute où la fée Mélusine se changeait en poisson, et où les princesses de l’Edda se transformaient en cygnes.

    Le lendemain d’un de ces jours-là, le petit bûcheron dit à la pêcheuse : " Te souviens-tu qu’hier je t’ai vu passer là-bas dans les eaux de Challepont avec tous les poissons qui te faisaient cortège… jusqu’aux carpes et aux brochets ; et tu étais toi-même un beau poisson rouge avec les côtés tous ruisselants d’écailles d’or.
    – Je m’en souviens bien, dit la petite fille, puisque je t’ai vu, toi qui étais sur le bord de l’eau, et que tu ressemblais à un beau chêne vert, dont les branches d’en haut étaient d’or…, et que tous les arbres du bois se courbaient jusqu’à terre en te saluant.
    – C’est vrai, dit le petit garçon, j’ai rêvé cela.
    – Et moi aussi j’ai rêvé ce que tu m’as dit : mais comment nous sommes nous rencontrés deux dans le rêve ?… "

    En ce moment, l’entretien fut interrompu par l’apparition de Tord-Chêne, qui frappa le petit avec un gros gourdin, en lui reprochant de n’avoir pas seulement lié encore un fagot.
    " Et puis, ajouta-t-il, est-ce que je ne t’ai pas recommandé de tordre les branches qui cèdent facilement, et de les ajouter à tes fagots ?
    – C’est que, dit le petit, le garde me mettrait en prison, s’il trouvait dans mes fagots du bois vivant… Et puis, quand j’ai voulu le faire, comme vous me l’aviez dit, j’entendais l’arbre qui se plaignait.
    – C’est comme moi, dit la petite fille, quand j’emporte des poissons dans mon panier, je les entends qui chantent si tristement, que je les rejette dans l’eau… Alors on me bat chez nous !
    – Tais-toi, petite masque ! dit Tord-Chêne, qui paraissait animé de boisson, tu déranges mon neveu de son travail. Je te connais bien, avec tes dents pointues couleur de perle… Tu es la Reine des poissons… Mais je saurai bien te prendre à un certain jour de la semaine, et tu périras dans l’osier… dans l’osier ! "

    Les menaces que Tord-Chêne avaient faites dans son ivresse ne tardèrent pas à s’accomplir. La petite fille se trouva prise sous la forme de poisson rouge, que le destin l’obligeait à prendre à de certains jours. Heureusement, lorsque Tord-Chêne voulut, en se faisant aider de son neveu, tirer de l’eau la nasse d’osier, ce dernier reconnut le poisson rouge à écailles d’or qu’il avait vu en rêve, comme étant la transformation accidentelle de la petite pêcheuse.

    Il osa la défendre contre Tord-Chêne et le frappa même de sa galoche. Ce dernier, furieux, le prit par les cheveux, cherchant à le renverser ; mais il s’étonna de trouver une grande résistance : c’est que l’enfant tenait ses pieds à la terre avec tant de force, que son oncle ne pouvait venir à bout de le renverser ou de l’emporter, et le faisait en vain virer dans tous les sens.

    Au moment où la résistance de l’enfant allait se trouver vaincue, les arbres de la forêt frémir d’un bruit sourd, les branches agitées laissèrent siffler les vents, et la tempête fit reculer Tord-Chêne, qui se retira dans sa cabane de bûcheron.

    Il en sortit bientôt menaçant, terrible et transfiguré comme un fils d’Odin ; dans sa main brillait cette hache scandinave qui menace les arbres, pareille au marteau de Thor brisant les rochers.

    Le jeune roi des forêts, victime de Tord-Chêne – son oncle, usurpateur –, savait déjà quel était son rang qu’on voulait lui cacher. Les arbres le protégeaient, mais seulement par leur masse et leur résistance passive…

    En vain les broussailles et les surgeons s’entrelaçaient de tous côtés pour arrêter les pas de Tord-Chêne, celui-ci a appelé ses bûcherons et se trace un chemin à travers ces obstacles. Déjà plusieurs arbres, autrefois sacrés du temps des vieux druides, sont tombés sous les haches et les cognées.

    Heureusement, la Reine des poissons n’avait pas perdu de temps. Elle était allée se jeter aux pieds de la Marne, de l’Oise et de l’Aisne, les trois grandes rivières voisines, leur représentant que si l’on n’arrêtait pas les projets de Tord-Chêne et de ses compagnons, les forêts trop éclaircies n’arrêteraient plus les vapeurs qui produisent les pluies et qui fournissent l’eau aux ruisseaux, aux rivières et aux étangs ; que les sources elles-mêmes seraient taries et ne feraient plus jaillir l’eau nécessaire à alimenter les rivières ; sans compter que tous les poissons se verraient détruits en peu de temps, ainsi que les bêtes sauvages et les oiseaux.

    Les trois grandes rivières prirent là-dessus de tels arrangements que le sol où Tord-Chêne, avec ses terribles bûcherons, travaillait à la destruction des arbres – sans toutefois avoir pu atteindre encore le Prince des forêts –, fût entièrement noyé par une immense inondation, qui ne se retira qu’après la destruction entière des agresseurs.

    Ce fut alors que le Roi des forêts et la Reine des poissons purent de nouveau reprendre leurs innocents entretiens.

    Ce n’étaient plus un petit bûcheron et une petite pêcheuse, mais un Sylphe et un Ondine, lesquels, plus tard, furent unis légitimement.

    Nous nous arrêtons dans ces citations si incomplètes, si difficiles à faire comprendre sans la musique et sans la poésie des lieux et des hasards, qui font qui font que tel ou tel de ces chants populaires se grave ineffablement dans l’esprit. Ici ce sont des compagnons qui passent avec leurs longs bâtons ornés de rubans ; là des mariniers qui descendent un fleuve ; des buveurs d’autrefois (ceux d’aujourd’hui ne chantent plus guère), des lavandières, des faneuses, qui jettent au vent quelques lambeaux des chants de leurs aïeules. Malheureusement on les entend répéter plus souvent aujourd’hui les romances à la mode, platement spirituelles, ou même franchement incolores, variées sur trois à quatre thèmes éternels. Il serait à désirer que de bons poètes modernes missent à profit l’inspiration naïve de nos pères, et nous rendissent, comme l’on fait les poètes d’autres pays, une foule de petits chefs-d’œuvre qui se perdent de jour en jour avec la mémoire et la vie des bonnes gens du temps passé.


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